
« Entrer dans la vérité par la charité »

Blaise Pascal naît le 19 juin 1623 dans une bâtisse du haut Clermont, située rue Gras, et meurt le 19 août 1662, à Paris. Sa naissance le place sous le garde d’un père à la fois conseiller du Roi et mathématicien : Étienne Pascal. Ses exceptionnelles capacités se manifestent dans l’âge tendre par les « petites reparties qu’il fait tout à propos ». Aussi, son père, fait-il choix d’éduquer lui-même son esprit plutôt que d’en confier le sort aux professeurs des Collèges.
La formation paternelle s’avère féconde : à douze ans, Pascal découvre, à l’aide de barres et de ronds, la trente-deuxième proposition d’Euclide ; à seize, il compose un traité de géométrie « d’une très grande force » sur les coniques ; et à 21 ans à peine accomplis, il met au point la première machine arithmétique, l’ancêtre de la calculette.
En 1647, alors qu’il est à Rouen, Dieu se fait connaître à lui une première fois. Deux chirurgiens sont venus prodiguer des soins à son père qui a eu l’infortune de se briser la jambe. Ces deux hommes, les frères Deschamps sont entièrement donnés aux œuvres de charité et de piété. Pascal se laisse gagner par leur exemple et par leurs paroles. Aussitôt qu’il est « converti », il s’emploie à gagner sa famille à une pratique plus fervente.
Cette première approche de Jésus-Christ ne l’éloigne pas pourtant des sciences, où il continue d’exceller. Pascal s’illustre dans la controverse sur la question du vide, et met au jour l’action de la pesanteur de l’air par l’expérience du puy de Dôme. Avec ces années d’intense travail, viennent des pensées nouvelles, et qui changent peu à peu l’âme de Pascal. Les succès qu’il rencontre, la gloire dont il est entouré dans les salons où il se rend, lui laissent une sorte d’amertume à la bouche, étrange salaire de tant de fortune. Sa sœur Jacqueline, devenue religieuse au Monastère de Port Royal de Paris, est l’objet de ses confidences. S’il perd le goût pour les honneurs du siècle, qui le retenaient dans le monde, il n’a pas assez de goût encore pour les choses de Dieu, qui lui donnent de la peine.
Dans cet état, il prie et il cherche. Alors, Jésus-Christ s’approche une seconde fois. Dans la nuit du lundi 23 novembre 1654, Pascal fait la rencontre merveilleuse, foudroyante, du « Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, non des philosophes et savants ». Dans un petit papier retrouvé à sa mort, Pascal consigne les paroles qui jaillissent à ce moment de son cœur, pour n’oublier jamais cette révélation du Seigneur. Il fait dans la suite une retraite et commence à rédiger les premiers fragments d’un ouvrage contre les athées et les libertins plus connu sous le nom de Pensées.
Au même moment, l’un de ses amis, l’illustre Antoine Arnaud est attaqué par la Sorbonne. Pascal se lance dans la campagne des Provinciales. L’indignation qui perce à travers ces Petites Lettres est celle d’un chrétien pleine d’ardeur pour la défense de l’Évangile, et qui ne veut pas que la théologie ni la morale soient faussées, car alors, on peut craindre pour le salut de beaucoup. Durant ces années, il se met de plus en plus au service des pauvres, dont le soulagement est selon lui la « vocation ordinaire du chrétien ». Il vend ses biens, s’applique à vivre modestement, et à prier sans cesse. Hélas, les maux qui toute sa vie l’ont entravé redoublent et ne désemparent plus. Il cesse à peu près toute activité de l’esprit, et se met patiemment à souffrir en communion avec le Christ.
Il entre dans son agonie quelques jours avant le 19 août 1662. Ses derniers moments nous sont contés par sa sœur. Ils sont sublimes. Pascal meurt dans la nuit, après avoir communié et poussé cette parole qui est la dernière que nous avons de lui : « Que Dieu ne m’abandonne jamais ! »
Lire ici la Vie de Monsieur Pascal, par Madame Périer, sa soeur, 1663